Le mirage de l’intensité
Nous vivons dans une époque où la vitesse est reine. Être occupé, débordé, constamment connecté est souvent perçu comme un signe de performance. Pourtant, cette logique cache une réalité plus sombre : celle de l’épuisement progressif des individus. L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail estime que 60 % des journées de travail sont vécues comme stressantes. Dans ce contexte, la quête de performance par l’intensité devient un piège : elle impressionne, elle rassure à court terme, mais elle n’est pas soutenable dans la durée.
Ce modèle de performance spectaculaire est omniprésent. Il s’incarne dans les récits de startuppers qui dorment quatre heures par nuit, les managers enchaînant les réunions sans respiration, les injonctions à « dépasser ses limites ». Pourtant, ces performances de surface dissimulent souvent des déséquilibres profonds. La véritable performance, celle qui dure, est rarement spectaculaire. Elle est régulière, ancrée, parfois presque invisible.
La puissance discrète de la régularité
À contre-courant de l’intensité, la régularité représente une force tranquille mais redoutablement efficace. Elle repose sur une discipline choisie, des routines conscientes et un engagement sur le long terme. James Clear, dans son livre « Atomic Habits », met en lumière le principe du progrès marginal : améliorer une habitude de 1 % chaque jour peut générer des résultats exponentiels avec le temps. Ce n’est pas l’éclat d’un effort intense qui transforme, mais la répétition rigoureuse de gestes simples.
Des entreprises comme Centric Consulting intègrent cette logique dans leur culture organisationnelle. En favorisant de petites améliorations continues dans les processus internes, elles cultivent une dynamique de performance durable. Dans une étude réalisée par Harvard Business Review, plusieurs leaders expliquent comment des pratiques simples mais régulières – comme la lecture quotidienne, des temps de réflexion hebdomadaire, ou le focus matinal – ont un impact décisif sur leur efficacité.
Le rôle du coaching dans la construction d’une performance durable
C’est ici que le coaching prend tout son sens. Il ne s’agit pas d’ajouter une pression supplémentaire, mais de créer un cadre propice à l’alignement, à la clarté et à la régularité. Le coach devient un partenaire de conscience : il aide à mettre en lumière les automatismes, à distinguer l’urgent de l’essentiel, et à structurer des routines soutenables.
Prenons l’exemple d’une dirigeante accompagnée durant six mois. En réorganisant ses journées autour de quelques rituels clés – 45 minutes de concentration chaque matin, des réunions limitées à 25 minutes, et deux heures de réflexion stratégique par semaine – elle a doublé sa capacité décisionnelle tout en diminuant drastiquement son stress. Ce changement n’est pas spectaculaire. Il repose sur la répétition. Sur une discipline intérieure rendue fluide par le sens donné à chaque geste.
Leadership et régularité : une posture d’avenir
La régularité est aussi une posture de leadership. Un leader qui incarne la constance rassure ses équipes, offre un cadre lisible, et génère de la confiance. Dans un environnement instable, cette stabilité devient un avantage concurrentiel.
L’exemple de Lewis Hamilton, septuple champion du monde de F1, est éclairant. Son excellence ne repose pas uniquement sur son talent, mais sur une préparation millimétrée avec son performance coach : entraînement physique quotidien, rituels de visualisation mentale, discipline alimentaire. Sa constance dans l’effort construit sa résilience et sa capacité à performer dans la durée.
Le parallèle avec le monde de l’entreprise est évident : la performance durable ne se joue pas dans la réactivité, mais dans la régularité des décisions, dans la qualité des gestes managériaux répétés chaque semaine.
Construire une écologie personnelle du travail
Réfléchir à sa régularité, c’est aussi poser un regard neuf sur son rapport au temps, à l’énergie, à la concentration. Le coaching permet de concevoir une « écologie personnelle du travail » : un équilibre entre les temps de production, de récupération, et d’inspiration.
L’idée n’est pas de se robotiser, mais d’intégrer des habitudes alignées avec ses valeurs, ses forces, et ses objectifs. Un trader accompagné dans un processus de coaching a ainsi mis en place une routine stricte de préparation mentale, de journaling et de respiration quotidienne. Résultat : une baisse de 40 % de ses prises de risques impulsives, et une régularité de gains bien plus stable.
Ces routines deviennent des piliers, des ancrages dans un environnement mouvant. Elles réduisent la charge mentale, facilitent la prise de recul, et permettent une présence plus sereine et plus stratégique.
Régularité collective : un levier d’intelligence organisationnelle
Et si la régularité n’était pas seulement individuelle ? Dans les organisations, des pratiques collectives régulières permettent de renforcer la cohésion, la confiance et l’efficacité. Les entreprises qui mettent en place des rituels d’équipe – points hebdomadaires courts, partages de feedback mensuels, revues de cap trimestrielles – créent une dynamique d’apprentissage collectif et de performance partagée.
La régularité devient alors un langage commun, un socle culturel. Elle structure les relations, renforce l’engagement, et rend les évolutions plus fluides. Dans les équipes agiles ou en mode projet, ces rituels sont essentiels pour éviter la dispersion, canaliser les énergies, et maintenir le cap.
Les pièges à éviter
Mais attention : régularité ne veut pas dire rigidité. L’un des risques est de confondre discipline et automatisme, de répéter sans ajuster, de perdre le sens au profit de la méthode. C’est là que l’accompagnement est précieux : pour questionner régulièrement l’utilité des routines, pour oser en sortir quand elles ne servent plus.
Un autre piège est de croire que tout peut se faire seul. La régularité nécessite du soutien, du feedback, un environnement facilitateur. Les recherches en psychologie comportementale montrent que l’on ancre plus durablement une habitude lorsqu’elle est partagée, ritualisée et reliée à un objectif motivant.
Et maintenant ? Vers une culture de la régularité consciente
La performance de demain ne sera pas celle des plus brillants, mais des plus constants. De ceux qui savent construire, patiemment, dans l’ombre. De celles et ceux qui choisissent la rigueur, non comme une contrainte, mais comme un levier de liberté.
Dans un monde qui court, ralentir devient un acte stratégique. Poser les bases, créer du rythme, cultiver l’alignement. Revenir à l’essentiel. C’est là que le coaching prend toute sa valeur : non pour faire plus, mais pour faire mieux, jour après jour.
Et si nous choisissions aujourd’hui de ne plus courir après la performance spectaculaire, mais d’honorer la puissance tranquille de la régularité ? Car, comme le disait Paul Ricard : « Nul bien sans peine. »
La peine d’être régulier, lucide, aligné. Chaque jour. Même quand personne ne regarde.